Les sociétés sont le théâtre de multiples changements dans leur évolution. Au cœur de ces transformations, l’être humain engendre diverses dynamiques pour préserver sa place malgré tout. Le projet Rizk El Bilik se présente comme le reflet artistique d’un phénomène sociétal : l’acte de jeter dans la rue. Partant d’un geste en apparence anodin, cette action révèle une complexité bien plus profonde : quels sont les motifs sous-jacents à ce geste ? Est-il volontaire ? Quelles sont ses motivations ?

Souvent attribué à un manque de conscience et de civisme, cet acte peut également être perçu comme une forme d’affirmation et d’expression. Il traduit un sentiment de non-appartenance à un espace dont on se sent exclu. Les Tunisiens se sentent exclus de cet espace, la rue, ils s’y sentent étrangers. Le fait de jeter des déchets dans les espaces publics peut être interprété comme un rejet de la politique gouvernementale d’exclusion.

C’est en collectant ces papiers dans la rue que j’en tire leurs empreintes magnifiées en couleurs grâce à une technique de gravure. Ils se transforment en matière et révèlent, sous forme de strates imagées, l’histoire d’une frontière, à la fois tangible et éthérée, entre deux espaces : le privé et le public. C’est ainsi ma manière de réintroduire du dialogue.